Le syndrome frontal est le résultat, entre autres, des AVC qui se produit dans une région du cerveau qui s’appelle le lobe frontal. Le lobe frontal est, en fait, la plus grande région du cerveau, étant impliqué dans des processus cognitifs, y compris les fonctions autour du langage, de la mémoire, de la résolution de problèmes et du jugement. Il joue également un grand rôle dans l’expression émotionnelle, la personnalité et le mouvement. Donc, naturellement, le rétablissement après un tel AVC et le syndrome frontal qui s’ensuit peut s’avérer un peu difficile, en particulier si l’on ignore par où commencer.
Alors, on va discuter un peu de ce qu’on doit s’attendre quand on rencontre le syndrome frontal après un AVC, y compris ses causes, ses séquelles, la rééducation et comment vous pouvez faciliter un bon rétablissement. Mais, avant de commencer tout cela, prenons un petit moment pour mieux connaître le lobe frontal lui-même.
Les fonctions qui se rapportent au lobe frontal
En fait, le lobe frontal comprend deux lobes, ses régions gauche et droite. Ils sont tous les deux énormes, occupant presque deux tiers du cerveau entier, alors c’est peu étonnant qu’ils constituent la base de contrôle de nombreuses fonctions :
- Parole/Langage : La moitié gauche du lobe frontal est impliquée dans la transformation des pensées en langage verbal, et il possède également d’autres régions qui se rapportent aux compétences linguistiques.
- Motricité : Dans le lobe frontal se trouve aussi le cortex moteur primaire, une région qui a le contrôle des mouvements musculaires (c’est-à-dire presque tout mouvement physique qui vient à l’esprit, y compris la marche, la course, etc.)
- Fonctions exécutives : Le lobe frontal joue un rôle vital dans les capacités à planifier, prendre ses décisions, gérer ses besoins et jongler avec plusieurs tâches à la fois. Il apporte aussi de grandes contributions à l’attention et à la concentration.
- Empathie/Compétences sociales. Le lobe frontal nous aide à ressentir de l’empathie et à comprendre les sentiments des autres.
C’est ainsi que le syndrome frontal, provenant d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un infarctus cérébral (AVC ischémique ou AIC) qui a touché le lobe frontal, peut apporter des séquelles qui affectent les fonctions ci-dessus, et, du coup, c’est utile de demander au neurologue quel hémisphère du cerveau a été touché par l’AVC pour mieux connaître le pronostic.
Ses causes
Il y a deux types d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui peuvent affecter le lobe frontal (ainsi que n’importe quelle région du cerveau) :
- Les AVC ischémiques, autrement dit infarctus cérébral ou accident ischémique cérébral (AIC), qui adviennent quand un caillot sanguin bloque une artère et prive ainsi le cerveau d’oxygène.
- Les AVC hémorragiques, par contre, proviennent d’une artère qui se rompe, provoquant ainsi un saignement dans le cerveau : une hémorragie cérébrale.
Et, comme on vient de découvrir que le lobe frontal occupe une si grande partie du cerveau, il y a plus de chance qu’un AVC touche le lobe frontal et cause le syndrome frontal que, par exemple, qu’il n’attende les structures sous-corticales qui se trouvent aux profondeurs du cerveau.
En général, les séquelles motrices se manifestent au côté du corps opposé à celui où l’AVC est advenu, histoire des deux hémisphères du cerveau ayant le contrôle de la moitié opposée du corps. Ça veut dire que les AVC qui touchent la région droite du lobe frontal ont tendance à affecter le mouvement du côté gauche du corps, tandis que les AVC qui arrivent à sa région gauche affectent plutôt le côté droit.
Mais, malheureusement, les séquelles du syndrome frontal impliquent plus que la motricité.
Les séquelles du syndrome frontal après un AVC
Comme on vient d’apprendre, le lobe frontal a le contrôle d’une grande variété de fonctions, alors, les AVC qui arrivent dans cette région peuvent apporter diverses séquelles.
- Hémiplégie/Hémiparésie. Ça veut dire une faiblesse ou une paralysie d’un côté du corps (généralement à l’opposé de celui où l’AVC est advenu). Puisque le lobe frontal joue un rôle dans la gestion des mouvements volontaires, les troubles de la motricité sont fréquents avec le syndrome frontal.
- Troubles de la parole. Cela est particulièrement fréquent quand le syndrome frontal provient d’un AVC gauche parce que l’aire de Broca (le centre du langage) est située dans cet hémisphère. Pourtant, soyez consciente que le câblage de chaque cerveau est plutôt singulier et qu’aucune fonction n’est contrôlée dans un seul hémisphère.
- Dysphagie. Ça veut dire des troubles de la déglutition. Dans les cas plus graves, certains patients peuvent avoir besoin d’une sonde d’alimentation.
- Ataxie. C’est un manque de coordination, une perte du contrôle des mouvements volontaires quand le lobe frontal est devenu compromis. L’ataxie peut affecter les membres, les mouvements oculaires et même la parole et la déglutition.
- Incontinence. Puisque la vessie et les intestins sont contrôlés par les muscles, le syndrome frontal peut causer l’incontinence.
- Raisonnement spatial altéré. Le lobe frontal joue un rôle principal dans la conscience spatiale, alors le syndrome frontal peut affecter la capacité de préciser les endroits (par exemple, où se trouvent des choses qu’on voit) et causer des difficultés à naviguer dans l’environnement.
- Démence vasculaire. Cela implique la perte de certaines compétences cognitives importantes (le contrôle des impulsions, la mémoire et l’attention) et peut être associé à des comportements étranges. La démence vasculaire peut parvenir du syndrome frontal, entre autres.
- Changements du comportement. Les effets secondaires ne sont pas toujours aussi extrêmes que la démence et il y a des survivants d’un AVC du lobe frontal qui subissent de plus petits changements de comportement tels que l’irritabilité ou l’impulsivité.
- Changements de la personnalité. Le syndrome frontal peut affecter la pensée, les croyances et les actions, apportant ainsi des changements de la personnalité.
- Déficits cognitifs. Puisque le lobe frontal joue un rôle principal dans les fonctions exécutives, le syndrome frontal peut affecter la capacité de critiquer, de prendre des décisions et de gérer ses besoins.
En effet, les séquelles du syndrome frontal sont aussi variées parce que le lobe frontal joue un rôle dans tant de fonctions. Et il faut retenir que chaque cerveau possède un câblage qui est plutôt singulier, alors chaque survivant va connaître des séquelles différentes.
Les bonnes nouvelles, c’est que le cerveau possède également la capacité de se soigner et qu’on peut minimiser les séquelles avec des thérapies intensives et du travail acharné.
Comment soigner le cerveau lorsqu’on a le syndrome frontal
Bien que les effets d’un AVC du lobe frontal puissent sembler graves, ils ne sont pas nécessairement permanents et le cerveau peut prendre le relais en réaffectant ses fonctions à ses parties saines.
Ce dernier processus s’appelle la neuroplasticité, et il permet aux patients de se rétablir, au moins partiellement, en faisant des exercices thérapeutiques à un haut niveau de répétition pour réentraîner le cerveau à effectuer ses capacités perdues.
On dirait que la neuroplasticité soit une magnifique équipe de construction qui va paver de nouvelles routes (de nouvelles voies neuronales), et plus qu’on s’entraîne, plus que cette équipe aille développer et fortifier ces voies, et plus que ses capacités s’améliorent. En effet, la répétition est la façon dont nous apprenons la plupart de nos compétences, alors, c’est tout à fait logique qu’on emploie la même méthode lorsqu’on les réapprend dans la rééducation.
Donc, même si l’on connaît les séquelles du syndrome frontal, on peut toujours retrouver ses capacités par la rééducation.
La rééducation après le syndrome frontal : de quoi s’agit-il ?
Pour retrouver ses capacités après un accident vasculaire cérébral (AVC), il faut qu’on suit des programmes de thérapie et de rééducation assidument.
Voici quelques types de thérapie qui peuvent favoriser votre rétablissement après le syndrome frontal :
- Orthophonie. Si le syndrome frontal a causé une aphasie (des difficultés à parler ou à comprendre le langage) ou une dysphagie (difficultés à avaler), on doit entamer l’orthophonie tout de suite. Les orthophonistes peuvent nous apprendre à réentraîner votre cerveau, à regagner des compétences linguistiques et à améliorer votre déglutition.
- Kinésithérapie. Pour rétablir la force musculaire et la coordination, il faut participer à la kinésithérapie. Les exercices thérapeutiques quotidiens sont essentiels au rétablissement et en travaillant les parties affectées de son corps, on stimule son cerveau et ravive les réseaux neuronaux qui nous aident à bouger.
- Ergothérapie. Le syndrome frontal peut rendre les tâches journalières et les soins personnels difficiles. Alors, les ergothérapeutes ont pour but de nous aider à regagner notre quotidien et à redevenir plus autonome : le quotidien à la maison, au travail, à l’école, et on peut potentiellement réapprendre à conduire.
- Entraînement cognitif. Cela peut aider à améliorer la mémoire, l’attention, la capacité de résoudre des problèmes et les compétences d’apprentissage. Ce genre d’entraînement, souvent guidé par un orthophoniste, implique une répétition intensive des exercices cognitifs.
- Thérapies comportementales et cognitives (TCC). Les TCC aident les gens à développer des stratégies positives pour éviter les habitudes nuisibles. Cela peut être particulièrement utile pour les victimes d’AVC qui luttent contre l’impulsivité.
- Psychologie positive. La psychologie positive peut aider à rajeunir le cerveau pour qu’il ressente des émotions plus positives. Pour en savoir plus, consultez notre livre : Healing & Happiness After Stroke.
En effet, il y a beaucoup d’autre thérapies et traitements qui peuvent vous aider à vous remettre après le syndrome frontal, alors parlez à vos thérapeutes pour plus de recommandations.
Le syndrome frontal après un AVC : points clés
Le lobe frontal est, en fait, la plus grande partie du cerveau. Alors, il joue un rôle dans de nombreuses fonctions différentes et, par conséquent, un AVC qui se produit dans le lobe frontal peut entraîner une variété de séquelles.
Pourtant, grâce à la neuroplasticité, on peut toujours se rétablir. En participant aux divers types de thérapie, on active la neuroplasticité, réentraînant le cerveau à faire ses fonctions affectées. La clé est de trouver des thérapies qui répondent à vos besoins et de les suivre jusqu’à ce que vous retrouviez vos capacités.
Nous espérons que cet article vous a aidé à mieux comprendre le syndrome frontal après un AVC et comment on peut se rétablir. Bonne chance sur le chemin du rétablissement !